- Eldrid Ødegårdóttir
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Inscription : 02/04/2019
Grade : Mercennaire et soldat
Eldrid, "celle qui chevauche le feu"
Rakennus// Soldat
Tignasse couleur ébène, assez longue. Je les attache en une natte sévère quand je suis de service. // Bleu perçant. // 1m72 // Liane musclée par des années d'entraînement , formes féminines peu développées : poitrine qui n’en a que le nom, taille relativement marquée.
Arme // Glaive ainsi qu’un bouclier.
Détails notoires // Une tâche de naissance assez importante dans le dos.
Course effrénée dans un paysage morne et désolé.
Bien loin du plateau enneigé de Nilfheim et du panorama à couper le souffle des falaises Jormungrand. Terreur lancinante. Souffle court. Bise mordante.Je fuis.
J'ai si mal.
J'ai envie de hurler, mais aucun son ne sort de mes lèvres gelées.
J'ai si peur. Peur de ce qu'il y a derrière. De ce qui me poursuit.
On me chasse. On me traque. Je le sais. Je le sens. Je le ressens. Fixés sur moi, des yeux décharnés ne cessent de m'accabler. Me poursuivent, me maudissent, me rattrapent. Inévitablement.
Mais je continue. Je tente de maintenir la distance.
Souffle court. Battements effrénés de mon cœur. Souffrance de mes muscles mis à rude épreuve. Je m'entête.
Des rires autour de moi. Des esprits se moquent. Se gaussent. Ils savent.
Je tombe. Je m'écrase sur une surface dure. Lisse. Noire. Je m'y reflète. Tout s'y reflète. Toi y compris.
Mon cri perce un ciel d'encre, perce le monde des songes et brise le silence de la nuit.
Une unique larme perle sur mon visage.
Recroquevillé sur ma couche, le temps paraît s'étirer à l'infini avant que je ne trouve la force de me lever.Les braises rougeoyantes de l'âtre livrent un dernier combat contre les ténèbres. Je frissonne autant de froid que des bribes de mon rêve qu'il me reste. Toujours le même. Encore et toujours.
D'une démarche hésitante, je m'avance vers la table qui me sert de bureau et m'assoit maladroitement. L'éclat argenté de la Lune m'éclaire. Tout est si calme. La neige scintille. Le givre commence à recouvrir la petite lucarne de ma chambre d'arabesques raffinées. Je les contemple sans les voir, plus accaparé par mes sombres et amères pensées.
Pique de douleur. Un sanglot rauque remonte en moi. Une larme tombe sur une page blanche. Une autre la suit avant que rageusement je ne les essuie.
Serre les dents. Arrête. Concentre-toi. Écris.
À toi.
À toi.
À mon frère adoré, Einar l'audacieux,
Puisses-tu trouver le chemin du salut dans le royaume des morts. Puisses-tu être en paix, l'âme aux claires. Puisses-tu avoir retrouvé père et mère.
D'aussi loin que je me souvienne, nous avons toujours était lié. Toujours était ensemble. À portée de main, à portée d'esprit. Nos parents avaient été les premiers surpris d'assister à notre naissance. Un brin effrayé aussi. La tâche serait ardue, la vie étant dure, le climat rude.
Nous sommes nés au début de l’été de l'an 147. Les beaux jours venaient tout juste de commencer. Mère disait souvent que déjà nous étions turbulents. Enfin surtout moi. Tu étais plus sage, plus observateur. Un brin plus malingre aussi.
Les neuf années suivantes ne firent qu’affirmer ces prémices de nos personnalités. Toujours par monts et par vaux, nous courrions sans cesse, partant à la découverte des alentours de la ferme de nos parents. Toujours au mépris du danger et des mauvaises rencontres. Que nous étions naïfs, nous nous pensions invincibles. Un sourire me vient au souvenir de nos escapades, de nos longues après-midi de jeux. L'époque n'était pas dure, possédant un je ne sais quoi de doux, propre à l'enfance. Jamais l'herbe ne fut plus verte et tendre, l'horizon plus mystérieux et les sentiers pleins de possibles. Jamais plus.
Nos parents travaillaient sans cesse aux champs sans se soucier des guerres, des luttes et des tragédies. Pourtant notre tour viendrait… Peut être que si père avait tenu compte des avertissements de nos voisins, que nous nous étions réfugiés derrière les remparts de la ville de Fjallar, tout aurait été différent. Peut-être.
L'automne venait juste de prendre place lorsque par une soirée orageuse, un destin funeste vint s’abattre sur notre maisonnée. Il prit les traits d’homme d’armes aux mines acerbes et rustaudes, aux lames longues et torves. Nos parents ne les virent pas arriver, c’est seulement lorsqu’ils enfoncèrent la porte de notre masure que nous fûmes alertés.
Tout alla si vite. Je me souviens du cri aigu de mère, de la tentative désespérée de père de nous défendre à l'aide d'un marteau. Je me souviens de sa chute devant tes yeux agrandis par l'affolement. Puis de notre mère qui, nous saisissant par le col de nos vêtements, nous emporte vers l’une des fenêtres donnant sur les champs. Elle la brise avec une facilité étonnante et nous jette à l'extérieur avant de nous hurler de fuir. Toi, sonner, commence à pleurer, tandis que je fixe, incrédule, le visage de mère. Celle-ci me harangue alors brutalement, me sortant de mon état second. Je me souviens avoir pris ta main dans la mienne et de l'avoir serré très fort, avant de m'élancer à travers les champs si familiers.
Des années plus tard, tu ressasseras encore les évènements de cette nuit. Tu te souviendras tous les jours du visage de mère fixant avec soulagement notre course. De son air apaisé et de son sourire avant qu'un des hommes ne lui tranche la gorge. Toi aussi, les cauchemars hanteront ton sommeil.
Nous n'avons cessé de courir, persuadés d'être poursuivis. Plusieurs fois nous avons chuté au sol, mais toujours j'ai trouvé la force de nous relever. Toi, ton visage baigné de larmes, me fixais, vide, absent. Je devais te protéger et je l'ai fait.
Pendant quelques jours nous avons erré sans but. Chapardant dans les champs les quelques fruits disponibles. Buvant à même les ruisseaux tels des animaux sauvages. Nous évitions tous les êtres humains que nous apercevions de loin en loin. Bien vite, l'urgence s'estompe, la fatigue s'abattit sur nous. Nous étions partis sans chaussures et rapidement, nos pieds furent en sang. Toujours retiré en toi-même, tu gardais le silence. Devant ton état, j'ai fini par te porter sur mes frêles épaules. Au fil des heures, ma démarche fut de plus en plus lente, de plus en plus hésitante. J'étais épuisée, mais je ne pouvais pas m'arrêter. Ne le voulais pas. J'ai fini par m'écrouler sur le sentier poussiéreux que nous suivions sans savoir où il nous menait. Mon esprit sombra.
Quand je repris conscience, un homme était là. Il était penché sur nous. Sur toi. Je vis rouge. Je me relevais tant bien que mal et me précipitais sur l’homme en hurlant. Levant mes petits poings, je tambourinais le ventre de l’inconnu. Un tableau pathétique. L’unique oeil du guerrier me fixa sans mot dire quelques instants avant d’éclater de rire. Un rire épais, puissant, chaleureux qui me stoppa net dans mon élan. C’était un véritable géant. Une barbe si fournie et grande que l’on y aurait pu cacher un trésor. Des cheveux longs parsemés de touches gris cendré de-ci, de-là. Une musculature impressionnante. La hampe d’une immense hache dépassait de son épaule. J’en restais sans voix à son grand amusement. Il me sourit alors de toutes ses dents, titan à la force tranquille. Surprise, touchée, que sais-je ? Dans tous les cas, en réaction, j’éclatais en sanglots et me blottis contre lui.
Une nouvelle fois, le destin nous jouait un de ses étranges tours. Car ce guerrier aussi grand qu’un ogre se prénommait Bjarni et deviendra au fil des ans notre seconde famille. C’est lui qui nous amènera au camp des Rakennus et nous entraînera pendant les dix années suivantes. C’est seulement auprès de lui que pour la première fois tu raconteras tes souvenirs. Que tu reprendras goût à la vie. C’est grâce à lui que tu recommenceras à t’épanouir.
Nous lui devons tant. Je lui dois encore beaucoup. Il a tout autant été touché par ta disparition que moi. Encore aujourd’hui, bien qu’il soit devenu sergent instructeur dans le camp, il veille sur moi. Ne manque pas de me rendre visite. De m’infliger une ou deux raclées à l'entraînement en conspuant mon manque de compétence. De me rejoindre sur les falaises quand je m’y trouve et pense à toi. Parfois, souvent, j’ai envie de lui hurler dessus, de le secouer dans tous les sens, de me laisser pleurer dans ses bras. Mais je ne peux pas. Parce que sans toi, ce n’est plus pareil. Que de le voir me rappelle trop nos années en tant que recrue et de ce qu’il est advenu ensuite.
Dès notre arrivée au campement des Rakennus, nous sommes devenus des recrues, et ce jusqu'à ce que nous obtenions le grade de soldat. De nos dix ans jusqu'à nos vingt-trois ans, nos journées ont été rythmées par les entraînements au maniement des armes, aux techniques de défense, mais aussi à la lecture, l'écriture, aux mathématiques. Tout ce qui nous serait nécessaire pour être de bons mercenaires dans le futur.
Les premiers temps furent difficiles, n'étant pas habitués à la discipline de fer qui régnait dans le camp ni au climat si cru de la région. Puis, peu à peu, nous liant d'amitié avec les autres recrues de notre âge, au soutien indéfectible de Bjarni, nous nous adaptâmes. Le camp devint finalement notre nouveau foyer, ses membres notre nouvelle famille.
Plus nous prenions en âge, plus nos talents se révélèrent. Toi, ta vue d'aigle et ta ruse de renard. Moi, ma volonté inflexible et ma bravoure. Tu devins archer. Je devins guerrière au bouclier. On te promettait un bel avenir en tant que stratège. Le mien, au sein des combattants, serait peut-être de devenir gradée. Nous étions si fiers, de celle des jeunes paons qui ne connaissent finalement rien de la vie réelle. Mais qu'importe, l'époque n'était que défis, épreuves et récompenses, nous invitant à nous surpasser, à nous glorifier à chaque victoire.
Finalement, à nos seize ans, nous tentâmes, pour la première fois, d’être sélectionnés pour devenir des mercenaires. Nous échouâmes, tout comme l’année suivante, mais finalement, à dix-huit ans, Sven nous sélectionna. Nous étions si heureux en ce jour ! Tu souriais et riais sans plus pouvoir t’arrêter, Bjarni ne cessait de nous assener de grandes claques de contentement dans notre dos. Je n’étais pas en reste, clamant à tue-tête que rien ni personne ne pourrait jamais nous arrêter.
Nos ardeurs se calmèrent bien vite lors des cinq années suivantes. Jamais l'entraînement ne fut aussi dur, jamais on ne fut aussi intransigeant sur nos erreurs. Je pense tout de même que ce furent les meilleures années de notre vie. On ne cessait d’apprendre, de tomber, de se relever, d’échouer, de retenter. Jamais d’abandonner, car nous étions ensemble. Parce que nos camarades étaient là aussi, dans la même galère. Ralf, Siger, Ulf, Dagmar, Ida, Vilma. Les braves des braves, aujourd’hui éparpillés à travers le monde.
L'ultime récompense vint au printemps de nos vingt et un ans. Nous venions enfin d'achever avec brio la dernière épreuve, celle du feu qui ferait de nous de véritables mercenaires. Il était fréquent qu'une ou deux recrues y perdent la vie… Renforçant la crainte chez les nouvelles têtes, mais aussi la gloire de ceux qui étaient parvenus à survivre. Nous y arrivâmes et devînmes officiellement des mercenaires.
Auréolés de notre succès, rêvant d'être les héros de notre temps, nous sommes immédiatement partis à l'aventure. Chacun de notre côté, pour la première fois de notre vie. Proposant nos services aux marchands et convois, aux villes et villages. Nous avons sillonné les terres aux alentours du camp Rakennus durant deux longues années. De quoi nous faire redescendre sur le plancher des vaches. Le monde est immense, il y a toujours plus fort, plus intelligent, plus formé que nous. Que la route serait longue avant de connaître le succès et la richesse. Que nous n'étions finalement rien de plus rien de moins que deux humains de plus, mortels, faillibles. De grandes leçons pour de jeunes gens idéalistes.
Nous étions partis telles de jeunes étoiles, brillantes, mais aveuglées par leur propre éclat.
Nous sommes revenus, quatre ans plus tard, plus assagis, humbles et sombres.
Nous étions devenus des adultes.
Nos retrouvailles furent intenses, dues à l’absence de l’autre, bien que la magie entourant le lien unissant des jumeaux ne se soit jamais dissolu.
Quelques mois passèrent et le drame advint.
Abominable.
Je ne sais pas comment raconter tout ça. Je n’y arrive pas. Je-Je. J’aimerais changer le passé. J’aimerais tant être restée à tes côtés. J’aimerais tant ne pas avoir été une tête brûlée.
J’aimerais tant de choses que mon coeur se noie de plus belle.
Tu es mort en plein hiver. Emporté par une horde de goules.
J’ai survécu. Tu es mort. J’aurais voulu mourir. J’ai tenté de le faire. J’ai tenté de les poursuivre, de te suivre jusqu’au bout. Jusqu’à la mort.
Bjarni m’en a empêché.
Je suis en vie. Pas toi.
Tu sais, si Bjarni me suit lorsque je vais aux falaises, c’est parce qu’il a peur. Il a peur que je ne saute pour te retrouver en bas, pour tomber dans tes bras, au milieu des flots cruels et froids.
Les mois sont passés malgré moi. Je viens tout juste d’avoir 27 ans. Sans savoir ce que je vais faire, ce que je veux faire sans toi.
Je suis perdue.
Tu me manques tant.
Ton alter ego amputé.
Âge // 23 ans.
Un mot sur le forum // Beau, clair et accessible : il donne envie de s'y investir.
Comment tu nous a connus // Fouille méticuleuse de Tops Sites.
Un dernier mot votre honneur // Communauté très accueillante, Fonda à l'écoute et accessible : que demande le peuple ?
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Création Originale by Yangzheyy+ Knight // <strong>Eldrid Ødegårdóttir </strong>
- Loki
- Messages : 280
Inscription : 11/07/2013
Re: Eldrid, "celle qui chevauche le feu"
Et (re)bienvenue
Hâte de voir la suite de ta fiche, le début m'a l'air bien prometteur ! N'hésite surtout pas si tu as d'autres questions o/
J'en ai aussi profité pour corriger un petit bug du code (mais je crois que ça vient directement du modèle), normalement il ne devrait plus y avoir de souci avec la mise en page. Voilà voilà ~
A très vite !
- Pehr Hansson
- Messages : 21
Inscription : 10/01/2019
Grade : Chef incontesté des stratèges et de tous les cas désespérés de la région.
Age : 26
Re: Eldrid, "celle qui chevauche le feu"
Ta petite a l'air extrêmement badass
Des énormes bisouilles <3
- Loki
- Messages : 280
Inscription : 11/07/2013
Re: Eldrid, "celle qui chevauche le feu"
Félicitations !
Te voilà validé(e) ~ Tu vas pouvoir aller découvrir tout ce qui se cache à Yggdrasill, explorer toute la carte ; et pourquoi pas rencontrer un dragon ? Tu as tout ce qu'il te faut pour ton voyage : une couleur qui en jette, et un rang tout neuf.
N'hésite pas à aller faire un tour vers ces différentes sections :
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Et au plaisir de te recroiser au détour d'un chemin !
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